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CHRISTOPHER

Comment êtes-vous entré dans la magie ? A quand remonte votre premier déclic ?

J’avais 10 ans quand j’ai vu à la télévision l’effet des aiguilles enfilées en bouche ; je n’en ai pas dormi de la nuit et au matin j’essayais ma solution !

Quand avez-vous franchi le premier pas et comment avez-vous appris ?

Le premier passage sur scène a été le résultat d’un défi, à l’école chaque année était organisé un spectacle scolaire de toutes les classes. La mienne avait choisi pour thème le cirque ; dans ce spectacle je participais à un numéro d’acrobaties car je n’étais pas trop mauvais en gymnastique (plus tard je suis devenu professeur d’éducation physique d’ailleurs). Mais il fallait aussi un magicien pour ce spectacle et nous étions deux sur le coup ; le professeur a décidé pour nous départager de nous mettre au défi de trouver le meilleur tour. C’est l’apparition d’une personne dans une caisse montrée vide qui m’a valu d’être le magicien de service …

 

Quelles sont les personnes ou les opportunités qui vous ont aidé. A l’inverse, un évènement vous a-t-il freiné ?

Suite à ce spectacle un vieux magicien qui assistait à la représentation m’a invité à venir en discuter chez lui. C’était un électricien qui avait sévi sur scène dans les années 40 et après-guerre sous le nom du « PROFESSEUR FLORIAN » avec son frère le « FAKIR BLANC » qui avait défrayé la chronique en pleurant du sang comme Thérèse Neumann en Allemagne pendant la guerre ; ce qui leur avait valu de nombreux articles dans la presse. Cet homme a été mon professeur pendant plusieurs années et a développé chez moi le sens de l’observation. Sa technique d’apprentissage était ainsi faite : il me décrivait un effet mais comme vu par une caméra ou même un microscope en me détaillant chaque mouvement chaque aspect d’un tour. Il me laissait ensuite mijoter cela chez moi et quand j’avais trouvé une solution, il me montrait alors le matériel et les trucages. Depuis quand je regarde un numéro j’ai gardé ce tic : je le vois en double : comme un spectateur d’une part et comme vu à la loupe d’autre part.

 

Dans quelles conditions travaillez-vous ?

J’ai un peu travaillé dans toutes les conditions mais mes premières amours ont été la magie de scène et dès que j’en ai eu l’âge (ou presque) j’ai travaillé en cabaret ce qui m’a valu de voyager pas mal. Je ne me suis mis au close-up que beaucoup plus tard à l’âge de trente ans suite à des déboires professionnels et familiaux car j’avais tout perdu mon matériel et j’ai recommencé avec les moyens du bord.

 

Quelles sont les prestations de magiciens ou d’artistes qui vous ont marqué ?

Mes maîtres en magie ont été Channing POLLOCK que j’ai eu la chance de rencontrer beaucoup plus tard et Fred KAPS que je n’ai pas pu côtoyer mais j’ai quand même eu la chance d’être admis aux « fruits d’or » où j’ai rencontré ceux qui l’avaient très bien connu… Puis plus tard des artistes tels que Bloom, Ali Bongo, Garcia, Slydini, et bien d’autres m’ont permis d’avancer grâce à leur vision de la magie. J’ai aussi eu des conseils de personnes moins connues mais à qui je dois beaucoup de rigueur tel Jacques Courcelles, tailleur de son état, ancien membre du Nord Magic Club et qui, peu de personnes le savent, à fabriqué les costumes de Channing Pollock et a mis au point les enchaînements de sa routine de cartes !

 

 

 

 

uels sont les styles de magie qui vous attirent ?

Bien entendu vu ma « formation » c’est la magie de scène et le cabaret qui m’ont le plus attiré ; de plus comme j’étais assez timide, j’avais beaucoup de mal à parler sur scène. Il m’a fallu des années avant d’oser le faire et de m’orienter alors plutôt vers la magie humoristique avec le contact direct avec les spectateurs et grâce à un esprit de répartie que je ne pense pas avoir perdu. Puis comme je l’ai dit plus haut, j’en suis venu au close-up. Mais j’ai pratiquement tout essayé en magie : les illusions, le fakirisme, le mentalisme, le cabaret, la rue, la scène … Et maintenant je reviens vers le mentalisme que je pratiquais déjà il y a quarante ans (on appelait cela de ma magie mentale).Et quand je vous dis que j’ai presque tout fait, j’ai même été vendeur démonstrateur pour des magasins d’articles de magie renommés ; cela m’a permis d’être en contact avec de nombreux collègues, amateurs et professionnels.

 

Quelles sont vos influences artistiques ?

La magie américaine des années 60 et 70. Quand je travaillais en cabaret, j’étais un des premiers européens à me présenter en combinaison à paillettes avec des chemises en voile et des couleurs vives ; j’ai aussi travaillé tout en jeans à un moment tout en restant aussi très classique en frac et col cassé pour certains numéros !

 

Quel conseil et quel chemin conseiller à un magicien débutant ?

Tout d’abord beaucoup lire et connaître le patrimoine magique ; la vidéo et les DVD ont apporté aux jeunes magiciens un travail mâché et des images de présentation qui certes évitent des tâtonnements mais la lecture avait l’avantage que nous devions « imager » les mots et la recherche d’un style de présentation demandait un effort de création qui a disparu chez beaucoup de magiciens.

Ensuite essayer de toucher à tout, le théâtre, la danse, le mime afin d’avoir la meilleure base possible pour créer son personnage et sa gestuelle.

Quel regard portez-vous sur la magie actuelle ?

Contrairement à ce que j’évoquais plus haut, après une vague de magiciens You Tube, une nouvelle école voit le jour, avec des magiciens qui ont compris qu’on était plus fort à plusieurs que seul et qui s’entourent de personnes compétentes pour créer des spectacles à l’instar de Eberhard Riese pour Topaz ou de Henk Vermeyden pour Richard Ross. On voit ainsi éclore une école de Corée, un Yann Frisch, un Mat Franco (élève de Mc Bride), et même une Equipe de France de magie (scène et close-up) pour les concours.

 

Quelle est l´importance de la culture dans l´approche de la magie ?

Je viens de l’aborder plus haut elle est non seulement nécessaire mais indispensable ; je sais il y aura toujours des artistes « instinctifs » qui sans la moindre culture magique développeront des spectacles hyper intéressants mais ceux-là seront rares, croyez-moi !

 

Vos hobbies en dehors de la magie ?

Je suis d’un naturel paresseux, j’aime ne rien faire et rêver ; j’ai tellement dû me battre et travailler dans ma vie suite à de nombreux déboires que j’aime me laisser aller à mes pensées et paradoxalement cela me fait travailler, oui, travailler mon imagination et mon imaginaire et cela m’a conduit à la FORMATION et à la TRANSMISSION. En effet je me tourne de plus en plus vers la mise en scène et la création pour d’autres magiciens pour perfectionner leur talent. Bien entendu je n’ai pas l’aura de certains grands maîtres et je n’en fait pas une publicité mais selon mes moyens, j’ai quand même aidé des talents maintenant reconnus et c’est ma fierté !

 Interview réalisée en février 2016.

Auteur : Sébastien BAZOU

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